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04 décembre 2009

Vasile Carlova - Le soir

Lorsqu'à peine voit-on du soleil les rayons
Au flanc d'une montagne sur un nuage au rose front
Et qu'un zéphir plus frais commence à soupirer
Dans les feuilles, sur la plaine, plus fort un tantinet;

A cette heure agréable, dans de tristes valées,
A l'écart des grands bruits, souvent je me retire,
Au point le plus élevé, je m'asseois désolé,
Pour, à la solitude; compagnie tenir.
……
Lorsqu'une plaine en herbe devant moi je regarde,
Et que mes yeux de courir sur celle-ci sont lassés,
Le paysage de cette plaine de fleurs toute parsemée,
S'assombrit de la nuit qui avancee retarde.

Lorsqu'un bosquet touffu, au front bien trop altier
Couronne tout ce champs, pour que plus beau il soit.
Et sans cesse de son sein déverse avec bonté
Sur l'étendue lointaine un vent un peu plus froid.

D'un côté, là encore, un petit ruisseau serpente
Et pareil à une toile se voit là-bas tout blanc
Et qu' il nous semble même qu'il s'agite sous le vent
Mouvant sur les galets sont flot tout blanc

Et avec quel plaisir, de loin on peut entendre
Des voix de belles bergères, la flûte d'un pastoureau,
Qui revenant des champs, se retire dans la lande,
Laissant pour le garder le bon chien du troupeau.
…….

Doucement la lune aussi, provisoire maîtresse,
Monte à l'horizon, la plaine blanchissant,
Et contente pleinement, d'un bon front de tendresse,
Elle poursuit son chemin, parfois en remerciant.

Maintenant doucement arrive le sommeil reposant,
Dans ses bras doucement prenant chaque mortel…
L'être si généreux du ciel alors commande
A la terre charitable d'être dans l'éternel.
…….
Mais à cette âme triste et privée de tendresse,
Repos ni contentement, je ne sais pas trouver;
Sans cesse la joie du cœur s'en va ailleurs chercher
Et elle erre en peine partout avec tristesse.

Ce qu'elle cherche ne sait, mais elle sent bien l'absence
De cet être qui puisse son bonheur faire venir.
Et ne pouvant trouver ce que tant elle désire
Dans les brumes du chagrin, plus loin elle s'avance,

Exactement pareille au canot qui en mer
Errant dans la tempête, ne retrouve plus la terre;
N'ayant plus nul espoir que quelque vent chanceux
Par hazard la rejette au bord de la grande bleue.

03 décembre 2009

Vasile Carlova - Les ruines de Targoviste

Oh, murailles attristées! Oh, monument glorieux!
Du haut de quelle grandeur, vous brillâtes sous les cieux,
Aux temps où un soleil plus doux et plus heureux
Sur cette terre asservie répandait ses grands feux!

De la gloire ancestrale, rien plus ne reste là?
Tout autour on ne voit plus la trace d'un pas.
Et tandis que naguère, tout mortel attentif
Vous regardait ému, d'un œil admiratif,
Maintenant avec quelle crainte, recule-t-il sur ses pas,
Dès que ses yeux sur vous se posent avec effroi…
Et pourtant, tristes murs; c’est pour nous un plaisir
Lorsque l'oeil vous regarde aux moments de loisir;
Si vous faites pitié, de grandes idées inspirez.
Et par votre existence-même d'exemple vous servez
Tandis que les glorieux et admirables faits
De l'humaine tribu de ce monde disparaissent;
Que toute chose se perd; que la trace de nos pas,
Sur les ailes du temps à tout jamais s'en va.
Que l'homme-même, en toute chose parfait,
Sans crier gare s'effondre ou le trépas connaît..
Quant à moi, par ma foi, je préfère vraiment,
Vos ruines regarder en rêvant longuement,
Plutôt que de beaux murs; plutôt qu'un fier palais,
Plein d'éclat et lumière, mais inutile en fait.
De même qu'un berger, qui traverse l'alpage,
Court vite pour s'abriter, voyant venir l'orage.
De même moi maintenant, en proie à la douleur,
Vers vous me consoler; je viens les yeux en pleurs.

Ni des Muses le chant, ni la clémence des cieux,
Mais ma patrie je plains avec grande douleur.
En vous, en vous je cherche l'espoir d'une ressource.
Vous êtes de toute parole et toute idée la source.
Quand le bruit d'une journée partout cesse de battre,
Quand l'homme par ses efforts et malheurs épuisé,
Dans la paix de la nuit se trouve alité,
N'ayant même à cette heure de trêve dans mes pensées,
Vers vous je cours encore confiant et esseulé
Et par votre vision, si triste inspiré,
De notre noir destin je m'apperçois outré.
Je reste près de la tombe de la gloire roumaine
Et j’entends une plainte de choses très humaines;
Il me parait entendre encore une voix du passé

Prononcer ces paroles: "Hélas! Qu'est-il resté,
Si la plus grande gloire comme une ombre est passée,
Si l'esprit le plus libre avec elle s'est éteint!"
……….
Acceptez donc, ruines, tant que je suis sur terre,
Que je vienne pleurer sur votre cimetière,
Où le tyran n'ose pas, heureusement, se montrer,
Car votre vue-seule suffit pour l'effrayer

02 décembre 2009

Vasile Carlova - Priere

Haute personne clairvoyante,
Source puissante et consolante,
Sainte défense de notre terre!
Prête l'oreille, point ne dédaigne
Une voix humble; qui veut clémence
Qui pour une plainte ose t’adresser!

Il n'est pas digne de laisser se perdre
Au vent, en fumée, une prière
Faite en larmes devant l'autel,
Où le secours cherche tout homme,
Demandant quelque bienfait
Ou la fin de son malheur,

Où toute personne, qui t'adresse
Un voeux secret, humble se dresse
vers ton visage avec espoir,
Où même toi penses devoir
Montrer à tous pour leur grande joie
Que tu es prêt à les aider!

…..
Je ne demande ni luxe ni chimères,
Justice je veux et le salut
De ma patrie, désolée terre,
Oh! dont les tristes malheurs nombreux
Qui pourrait oh! entendre dire

Sans plus la plaindre, lui faisant foi!
Vers elle te penches, vois comme elle souffre,
Comme de se plaindre elle n'ose plus
Se sentant la risée de tous ,

Quand la justice ne compte plus guère;
L'opprimé même n'ose plainte faire
Car toute faute sur lui retombe.

Assez de siècles d'un sort marâtre,
Vouée sans cesse à cette vie saumâtre
De condamnée, de mal en pis!
Assez de siècles, se lamente-t-elle,
En proie aux affres; sans nul répit
Au point de ne plus voir le ciel!
…..
Mais que peut être cette lumière,
Qui là-haut brille d’une flamme entière
Et avec elle ce bruit si doux?
Ce ne peut être signe de tempête,
Puisque le vent les nuages arrête
Et partout règne un ciel serein.

Serrait-ce peut-être pour ma patrie
Une bonne nouvelle de joie amie,
Que la prière qu'elle avait faite,
Le saint exauce et la fait sienne
Que par ce feux il la prévienne
D'une délivrance qui la guette?

Vérité dis-je que cette lumière,
Annonce une vie de joie entière,
Qui se prépare pour ces contrées,
Qui demandée; soumise arrive,
Pour ma patrie à jamais vive
La lui offrir comme destinée.

1830

01 décembre 2009

Vasile Carlova

Né en 1809 et mort très jeune en 1831, le poète Vasile Cârlova marque en fait le début de la poésie roumaine moderne. Il avait commencé par traduire Voltaire, puis encouragé par Heliade Ràdulescu, il débuta dans la revue "Curierul românesc" par un poème romantique consacré aux ruines de Târgoviste, ancienne capitale de la Valachie.