06 janvier 2010

Mihai Eminescu - Calin ( Pages d’un conte) VIII

fragment

Passée le forêt d'airain, de très loin scintille en blanc
Et résonne le fier discours de la grande forêt d'argent.
L'herbe, là, près de la source semble neige immaculée,
Des fleurs bleues frémissent humides, dans l'air doucement parfumé.
Il semblerait que les grands chênes sous l'écorce ont une âme
Qui soupire entre les branches d’une voix pleine de charme.
Et dans l'orgueilleux ombrage de la grande forêt d'argent
On voit des torrents rapides sur les pierres scintillant;
Ils poussent leurs vaillantes ondes et soupirent entre les fleurs,
Descendent susurrant tendres des alpages rocailleux.
Ils enjambent en boules fluides le miroir d'eau près du gué,
En tourbillonnant nid d'eaux, sur lequel la lune languit.
Mille petits papillons bleus, des milliers d'essaims d'abeilles
Ruissellent en luisant torrent sur les fleurs remplies de miel.

04 janvier 2010

Mihai Eminescu - A l’étoile

Jusqu’à l’étoile qui vient de poindre
Il y a si longue route
Que des millénaires fit sans doute
Sa lumière pour nous joindre.

Eteint sans doute depuis longtemps
Dans des lointains bleuâtres,
Voilà que luit à peine maintenant
A nos yeux le bel l’astre.

L’image de l’étoile qui mourut
Lentement au ciel monte:
Lorsqu’on ne la voyait elle fut
Oncques on la voit absente.

Ainsi lorsque notre désir
S’éteint dans la nuit noire
L’éclat de nos défunts plaisirs
Ne cesse de nous poursuivre.

03 janvier 2010

Mihai Eminescu

Eminescu est pour les Roumains un symbole, une institution. C’est avec lui que commence et s’installe la langue roumaine littéraire et la littérature cultivée, de facture occidentale. Il a vécu entre 1850 et 1889.
Eminescu fut le poète de l’amour et de la nature, mais aussi un poète philosophe, ayant fait de solides études à Vienne et Berlin. Il admira la Commune de Paris et lui consacra même un poème. C’est un romantique sensible et fougueux , un génie assoiffé d’absolu. Il dépeint comme nul autre la mélancolie de l’âme roumaine et les forêts de ce pays, mais aussi les grandes idées de son siècle.




Les traductions contenues dans cette présentation sont la propriété de Jeanne LUTIC.
Toute reproduction doit être autorisée par écrit.

02 janvier 2010

Vasile Alecsandri - Ode aux soldats roumains

Jeunes soldats de ma patrie, d’un panache blanc coiffés.
Eperviers des champs de bataille, aiglons des sommets altiers
J’ai chanté dans ma jeunesse la valeur de nos aïeux
Valeur sans pareil naguère aux époque de sang et feu
Qui à un nom honorable ajouta une renommée
Portée du Danube en mer, par la mer au monde entier !

C’est à vous que mon hommage aujourd’hui est adressé
Vers vous vient mon coeur qui gonfle et mon âme réconfortée,
Comme les héros des légendes, je regarde votre vis
Vous que la mort indiffère et qui méprisez la vie,
Qui avez montré au monde, étonné de votre élan,
Que né d'une souche d’aigle, on se bat comme un aiglon.

Du prince au dernier des pauvres, menés par un sort heureux,
Votre vie fut fiancée au triomphe glorieux !
C’est vous qui nous fîtes comprendre du passé toute la grandeur
Montrant que vous savez être des ancêtres à la hauteur,
Faisant voir comme dans les nues le soleil clairement sait luire
Qui nous fûmes naguère au monde, quel sera notre avenir !
..........................................
Oh ! Roumains voyez-vous poindre dans les mystères du lointain
Ce rayon vivace qui pointe et doucement nous atteint,
Transperçant l’ombre épaisse par les siècles amassée ?
C’est le gai levé de l’aube, désirée, voulue, rêvée,
Renaissance de la lumière, étoile de l’espérance
Le triomphe de votre lutte, soleil de l’indépendance !
...........................................
Va donc ! Va donc ! va de l’avant ! L’ancien temps à nouveau rit !
L’avenir pour la Roumanie pousse ses germes et refleurit !
Mes enfants ! Que je suis fier, je sens un énorme orgueil
Monter avec la grandeur d’un peuple qui se réveille.

J’ai de mes yeux vu mon rêve, tranquillement je peux mourir !
Aujourd’hui le monde sait: Qui Roumain dit, brave veut dire.

01 janvier 2010

Vasile Alecsandri - L’éveil de la Roumanie

Vous qui somnolez encore, vous qui immobiles dormez,
N’entendez-vous dans vos rêves, une triomphante clameur,
Qui s’élève jusqu’aux cieux, annonçant du monde l’éveil,
Comme le salut sans pareil
D’un avenir glorieux ?

Ne sentez-vous votre coeur sursauter et s’agiter ?
Ne sentez-vous pas monter un saint élan bien roumain
A cette voix de renaissance, à cette voix de liberté
Qui pénètre et fait vibrer
Tout esprit et coeur humain ?

Voyez, le monde s’éveille de sa profonde léthargie !
Il avance à pas énormes vers un but longtemps rêvé,
Ah ! Eveillez-vous comme lui, mes bons frères de Roumanie !
Levez-vous pleins d’énergie,
Le jour de vivre est arrivé !

La liberté en ce monde a fait naître un beau soleil
Et désormais tous les peuples vers lui tentent d’avancer
Comme un envol d’aigles agiles, qui d’un grand battement d’ailes
Tentent joyeusement d’atteindre
Le soleil qui monte au ciel.

Toi seule, oh, nation roumaine, resterais dans l’aveuglement
Toi seule, serais donc indigne de ce temps réformateur ?
Toi seule ne participerais pas à la fraternelle union,
A l’union dans le bonheur,
A notre commun avenir ?

Combien le monde doit-il croire encore, mes enfants de Roumanie,
Que tout élan de liberté, en vous est à jamais éteint ?
Et combien ployer encore sous l’aveugle tyrannie ?
Pour qu’à son char d’infamie
Elle nous attelle sans fin !
.................................................
Allons, enfants d’une même terre ! Allons tous, unissons-nous.
La liberté ou la mort, nous tâcherons d’acquérir !
Allez, Roumains, le monde nous voit. Pour l’amour de la Patrie,
Pour libérer notre mère,
Notre vie, sacrifions tous !

Bien heureux celui qui foule la tyrannie à ses pieds !
Et qui voit sur sa chère terre revivre la liberté,
Heureux, glorieux celui qui sous un ardent soleil
Pour sa patrie sait mourir
Gagnant l’immortalité