24 août 2009

Dimitrie Bolintineanu - La mère d’Etienne le Grand

I

Sur un noir rocher dans un vieux château,
Au pied duquel coule un petit ruisseau,
Pleure et se lamente la princesse jeunette,
Douce et délicate comme une violette.
Au champs de bataille son époux chéri
Est parti en armes, guère ne le revit.
Ses yeux bleus en larmes brûlent de douleur,
Comme la rosée brille sur les douces fleurs.
Des boucles dorées sur son sein palpitent,
Rose et blanc comme lys, son visage s’agite.
Mais la reine mère près d’elle veille forte
Et de douces paroles, elle la réconforte.

II

Une horloge sonne minuit et demi,
A la porte, qui frappe, près du pont-levis ?
- C’est moi, bonne mère, ton fils bien-aimé !
C’est moi et j’arrive du combat blessé.
Le sort bien cruel nous fut cette fois-ci
Ma petite armée en désordre fuit.
Mais ouvrez la porte... Les Turcs me rattrapent !
Le vent froid me glace... mes blessures font mal.
Vite à sa fenêtre la jeune princesse court.
“Ma fille, que fais-tu?” dit la reine-mère
Et puis à la porte elle-même se rend,
Et dans la nuit dense ceci on entend:
-Vous dites, étranger ? Etienne est bien loin,
Son bras fort et brave décime les païens.
Sa bonne mère je suis et il est mon fils;
Si c’est vous, Etienne... Vous n’êtes point ce fils !
Pourtant, si le ciel, voulant m’éprouver
Et sur mon vieil âge mon coeur attrister,
Son âme noble et brave ainsi a changé,
Si tu prétends être Etienne pour de vrai,
Sache alors qu’ici, sans une victoire,
Tu ne peux entrer, par mon bon vouloir !
Vas donc aux armées, meurs pour ton pays !
Et sera ta tombe couronnée de lys ! ”

III

Etienne s’en retourne , son cor sonne court,
Son armée brisée des vallons accourt.
Le combat reprend. et. l’ennemi battu
Tombe comme les blés sous les sabres à nu!

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