18 novembre 2009

Grigore Alexandrescu - L’ANNÉE 1840

.......
Peu de mes jours perdus, chère, j’aimerais conserver,
Jours qui vers l’infini jà s’envolent à tir d’aile;
Peu de souvenirs j’en garde qui me soient agréables:
La peine seule m’aide à les différencier!

Mais toi, année nouvelle, je te vois avec joie!
Tu es de celles qu’attend toute la gent humaine!
Je suis une petite part de la triste foule humaine
Et avec tout ce monde, ton arrivée j’attends!
.......
Oh, année attendue, grande réformatrice!
Commence, transforme, bouleverse et ici améliore,
Montre un signe à ceux qui n’osent espérer;
mets en route sur le champs, troupeau et bon pasteur.

Du monde les fondements , basculent, sont secoués,
Les vieilles institutions s’effacent, elles sont rouillées;
Le monde entier bouillonne et tout homme sensé
Vers toi se précipite, car le moment est venu!

La politique profonde est une fanfaronnade,
Et la science de vie un égoïsme odieux;
De la grandeur de l’homme, rien ne nous parle plus
Et seul le despotisme est bien consolidé.

Année nouvelle! J’attends ta venue, de céleste élixir!
Pourtant si le pasteur que tu dois nous choisir
Pareil sera à ceux dont nous avons assez,
Alors...laisse la telle quelle, notre vieille tyrannie,
De tes présents alors, je ne me réjouis point,
Car d’améliorations en pire, nous sommes déjà lassés

Rien je ne te demande, pour moi ou pour les miens:
Mon sort j’aimerai unir à celui de la foule:
Si pour moi seul au monde, tu ne peux aucun bien,
Je ris de ma douleur et aux pied je la foule.

Mais j’aimerais voir ce jour, aux peuples annoncé,
Respirer un air pur, plus libre et plus serein,
pour perdre l’idée triste, affermie par les siècles
Que le monde pour toujours est un legs du hasard !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire